Il y a comme un air de Fahrenheit 451 dans ce roman. À cela près que Montag se prénomme Simon et que, le numérique ayant supplanté le papier, le pompier est devenu « troll ». L'objectif, lui, reste inchangé : brûler ou enfouir la vérité ; réécrire l'Histoire. Mais lorsque Simon est envoyé dans l’« Enfer » d'une bibliothèque – sous le regard d'une chouette aussi vieille que les ouvrages qu'elle surveille – afin de préparer la réélection de la présidente et son parti Vox Populi, le doute l'assaille. Dans ses mains, un livre d'Histoire dans lequel son père narre l'exhumation d'un camp de tziganes. Simon entreprend alors d'écrire, « à l’encre rouge avec le stylo noir du père », entre les lignes, son histoire et celle d'une nation perdue dans les dérives mensongères. Dans ce roman dystopique des mémoires européennes, Alexis Ragougneau raconte la montée des extrêmes, les dérivés nationalistes et les tentatives de réécriture du roman national.