Nos cœurs de verre

En 1846, la famine se répand dans les campagnes de l’Irlande. Tout autour d’elle, Nell voit sa famille et ses proches souffrir de la faim et être victimes de la cruauté de leur propriétaire, Lord Browning. Alors qu’elle quitte la maison bourgeoise où elle est employée comme aide cuisinière, la jeune fille va faire la rencontre de John, le neveu de Lord Browning qui doit hériter de ses terres et de ses gens. Très vite, Nell et John se rapprochent et tombent amoureux. Mais quand tout est menacé, quand les ventres crient famine et que la révolte gronde, l’amour peut-il être permis ? Une paysanne irlandaise et un riche Anglais peuvent-ils avoir un avenir commun ? Avec des mots poétiques et percutants, Sarah Crossan balaye un pan trop méconnu de l’Histoire : la grande famine irlandaise du XIXe siècle (révélatrice de l’injustice permanente et du traitement presque barbare des Anglais envers les Irlandais, alors loin d’être indépendants) et les révoltes qui ont suivi. Au-delà du froid, de la boue, de la mort et du malheur, l’autrice nous offre aussi une lumière : celle de la jeune Nell qui, alors que tout s’écroule autour d’elle, fait l’expérience du premier amour, de son intensité et de sa chaleur. Tout est doux entre Nell et John. Leur histoire apporte une bouffée d’air frais au roman. Que celles et ceux qui sont intimidés par les vers libres soient rassurés : Nos cœurs de verre est un roman qui se lit tout seul, la langue est belle, fluide et agréable. La plume de Sarah Crossan est sublimée par la traduction de Clémentine Beauvais dont le talent n’est plus à prouver. Elles nous offrent ainsi une sublime histoire de deuil ‒ deuil de soi, des autres, du futur auquel on s’attendait ‒ et surtout d’amour. Un roman à savourer !