Littérature étrangère

Kazuo Ishiguro

Nocturnes

photo libraire

Chronique de Olivier Soumagne

Pigiste ()

Ishiguro a le don des ambiances. Atmosphères feutrées ou vision du futur, il parvient à donner vie à tout, chaque nouveau livre renouvelant sa vision de l’homme.

Rarement le terme de « recueil » aura si bien porté son nom, tant chaque texte trouve sa cohérence dans le livre fini. Brisure d’un couple, « nécessité » de la chirurgie esthétique pour relancer une carrière : Ishiguro nous montre le pathétique revers de la médaille et les moyens mis en œuvre pour que le show continue... Rêves inassouvis et vies écoulées... Entre anciennes stars sur le déclin et jeunes musiciens qui peinent à prouver l’étendue de leur talent, la passation se fait dans la douleur, mais aussi de manière impromptue. Les cinq nouvelles couvrent cinq univers. Nous pénétrons par ces récits écrits à la première personne dans la vie et les tourments des narrateurs, sur des rythmes différents, jazz ou classique. En un camaïeu étourdissant, chaque nouvelle illustre sous un angle différent ce monde à part, égrénant çà et là quelques rythmes mélodiques au gré de la narration. En écho aux autres textes, les séquences prennent forme, créant ainsi une sorte d’alliance avec les personnages que l’on reconnaît et dont on découvre incidemment la vie. On retiendra, de ces ténébreux contes musicaux, le rythme d’un swing de Coltrane, et de Chopin, la sensibilité et la grâce de ses Nocturnes.

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