Littérature française

François Jonquet

Les Vrais Paradis

photo libraire

Chronique de Pascal Thuot

Librairie Millepages (Vincennes)

« Êtes-vous Daniel ? ». C’est par cette question griffonnée sur un morceau de papier que Thomas, jeune homme issu de la bourgeoisie rémoise, entre à pas feutrés dans les mystères de Paris, que symbolisent à la fois le vieillard soliloquant aux allures de « Nosferatu souriant » (en fait, il s’agit du « Daniel », la figure du précédent livre de François Jonquet), et l’attraction que va exercer sur lui « la porte rouge » d’une boîte de nuit, assiégée chaque soir par la foule fiévreuse des fêtards. Thomas est beau comme un Apollon tombé du nid. Thomas veut approcher l’irradiante beauté de la nuit livrée à la transe, aux joutes sexuelles dans un nuage de poudre blanche et une bruine de champagne, pour le meilleur, car le pire n’est jamais certain. L’ambition de ce merveilleux roman d’apprentissage dépasse son sujet. Dans les pas du Hermann Hesse de Demian ou ceux du Thomas Mann de La Mort à Venise, François Jonquet promène sa silhouette longiligne de dandy réservé sur la chaussée parisienne, où restent visibles (pour ceux qui savent les voir) les empreintes d’Isidore Ducasse, comte de Lautréamont, de Piaf et d’une faune mélangée qui fit de la fête un art de vivre.

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