Littérature française

Grégoire Bouillier

Le cœur ne cède pas

photo libraire

Chronique de Daniel Chini

Librairie L'Arbousier (Oraison)

Grégoire Bouillier, c’est, au début du siècle, le fulgurant Rapport sur moi. Pour enquêter plus tard sur quelqu’un d’autre, comme dans Le cœur ne cède pas, c’est bien de commencer par soi jusqu’au surmoi. Alors voilà, un fait d’automne glauque trouble les nuits sans sommeil du jeune Grégoire perdu, laissé pour fou, dans le mitan des eighties : un ancien mannequin s’est laissé mourir de faim en consignant dans un carnet son agonie d’une biblique quarantaine de jours, avant de se décomposer pendant dix mois sans que cet événement ne fasse le buzz. Revenu de sa folie, l’histoire obsède Grégoire pendant trente ans jusqu’à ce qu’au cours d’une soirée, où il erre tel un invité mystère, le cadavre exquis ressurgit comme une madeleine au milieu de la figure. Se mettant dans la peau de Bmore, détective, et de son assistante, Penny, G. Bouillier ne nous épargne aucun des affres jouissifs et désespérants de sa recherche. 900 pages dont il augmente la réalité par un site Internet élevé à Marcelle Pichon, mannequin tué au champ de malheur. On rit, on s’agace, on s’émerveille. Que d’aventures en plein XXIe siècle !

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