Littérature française

Delphine Horvilleur

Il n'y a pas de Ajar

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photo libraire

Chronique de Christel Rafstedt

Librairie Le livre dans la théière (Rocheservière)

Delphine Horvilleur publie cet automne un court essai, brillant et impertinent, au service de l’un des sujets forts qui agite nos sociétés contemporaines.

Il n’y a pas de Ajar, Monologue contre l’identité ne peut être résumé tant il est dense. C’est un texte jubilatoire où le lecteur oscillera entre éclats de rire et profonde réflexion, comme au détour d’une conversation avec une amie drôle et érudite. À la fois récit, essai, texte théâtral, c'est avant tout un objet littéraire vivifiant, hors catégorie. Écrit à l’origine pour la scène, il est précédé d’une longue préface où l’autrice convoque la relation d’amour qu’elle entretient avec Romain Gary, Émile Ajar, Roman Kacew, l’homme aux multiples noms. Une déclaration d’amour comme un plaidoyer pour défendre la puissance du récit et de la littérature qui constituent notre héritage, celui qui fabrique nos identités tout autant que nos patrimoines génétiques et culturels. Poursuivant ce manifeste sur la liberté que nous offrent les histoires, Delphine Horvilleur, en vraie conteuse, invente Abraham Ajar. Qui mieux que ce fils d’un être de fiction, pourtant bien vivant, peut nous parler d’identité ? Débute alors un texte où le héros, avec verve, humour et parfois excès, s’en prend à toutes les obsessions identitaires de l’époque et aux sirènes de la pureté des origines. Harry Potter, textes bibliques, légendes traditionnelles : le héros fait feu de tout bois pour faire la peau aux communautarismes, aux fondamentalismes et aux sectarismes de tout poil. Et si vous n’aviez pas lu Vivre avec nos morts au moment de sa sortie, précipitez-vous sur son édition en poche.  Dans ce véritable Petit traité de consolation l’autrice compose en onze chapitres une leçon de vie pour ceux qui restent, une leçon pétrie d’humanité, de savoir et d’humour sur ce qui nous concerne tous, notre vulnérabilité.