Littérature étrangère

Christian Kracht

Eurotrash

photo libraire

Chronique de Éléonore Vinay-Léger

Librairie Mot à mot (Fontenay-sous-Bois)

Christian déteste Zurich, les fanions, le luxe et l’hypocrisie. Il s’y rend pourtant tous les deux mois, avec abnégation, pour rendre visite à sa mère malade. Cette fois, c’est elle qui le convoque. Au début, ça l’angoisse puis il décide de se prendre au jeu. Commence alors un road trip autour d’un tout petit territoire, avec des allers-retours, parce qu’ici le paysage est prétexte aux souvenirs et la mémoire prétexte au voyage. Un voyage où l’on distribue des billets de banque sortis d’un sac plastique et où l’on traverse un pays pour manger la meilleure truite. Il est question de la culpabilité d’une nation et du déni d’une famille. C’est un livre au ton acerbe qui se révèle d’une grande tendresse. Où la violence n’est pas où l’on croit. Où deux fiertés se fendillent et l’amour qui était caché derrière est suggéré avec tant de finesse qu’on en sort bouleversé. C’est un livre qui dit la pudeur avec beaucoup de pudeur et c’est magnifique.

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