Littérature française

Vivre, tout simplement

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Par Béatrice Putégnat

Réflexions en pente douce ou élévations spirituelles, le court en dit parfois long sur l’urgence d’aller à l’essentiel, au divin. Suivez Fabio Viscogliosi et Christian Bobin sur leurs chemins inspirés et inspirant.

En 109 textes brefs, un homme, écrivain, considère ce qui dans sa vie lui apparaît essentiel. Dans son précédent récit, Mont Blanc (Stock, 2011), Fabio Viscogliosi racontait l’accident sous le tunnel du Mont-Blanc qui avait coûté la vie à ses parents et concluait : « j’avais rendez-vous avec la vie et je ne voulais surtout pas la faire attendre ». Dans Apologie du slow, il revient le cœur léger et joyeux, l’écriture en bandoulière, pour musarder sur les chemins de son âme, de ses émois, de ses joies et de ses ressentis. Choses vues, pensées, méditées, écoutées, saisies sur le vif, sont croquées à pleine plume. Le petit monde de Fabio Viscogliosi est peuplé de moineaux, de peupliers, de musique, de voyages à pied, à vélo, en train. On croise Pessoa, Gauguin, Marcel Duchamp, la femme et la fille de l’auteur… Le lecteur chemine avec Fabio Viscogliosi parce que « la vie c’est à peine la division d’une seconde ». « C’est une chose bien dangereuse que de lire », énonce, presque avec malice, Christian Bobin après sa rencontre avec un poème de Marceline Desbordes-Valmore. La Grande Vie est un hommage à la lecture, aux livres qui sont des « secrets échangés dans la nuit », à l’écriture, aux auteurs et personnalités qui jalonnent le parcours de l’écrivain (Dhôtel, Grosjean… et Marilyn Monroe). La Grande Vie est un hymne poétique au divin contenu dans chaque chose, dans chaque créature, même la plus infime, la plus impalpable ou dans les événements les plus graves. Le texte est tissé de fragments à la fois autobiographiques, sensibles, poétiques et concrets, en prise avec la nature. Il y a comme du spirituel dans l’air pur distillé, insufflé par Christian Bobin. Même les profanes peuvent entrer dans ce texte. Jamais pontifiant. Toujours au cœur du sensible. Car « la grande vie c’est la poésie ».