M comme Maraviglia

En Sicile, dans un village de montagne presque autarcique, la modernité prend son temps pour débarquer. Il lui faudra exactement trois générations de femmes au cours du XXe siècle, qui évoluent dans un monde pensé par et pour les hommes. Elles semblent presque être les seules femmes de leur environnement, Rosa, sa fille Selma et plus tard ses filles Patrizia, Lavinia et Marinella. Rosa ose la première déroger au destin que son père violent a décidé pour elle en épousant Sebastiano Quaranta, homme doux et aimant qui la laissera bien trop tôt veuve. À la tête de la taverne qu'elle dirige sans faillir, elle élève ses deux fils et sa fille Selma. Cette dernière, douce et - trop - obéissante, semble d'abord s'émanciper du domicile familial par son emploi de couturière dans un autre village. Las ! Son époux qui porte bien mal son nom, Maraviglia, ne connaît que le langage de l'oppression et de la paresse et la contraindra vite au domicile conjugal. Bien installé dans une maison construite par ses beaux-frères à deux pas de la taverne, il passe son temps à boire, divertir les clients et disparaître dans la nuit. Selma se résigne et protège ses filles qui n'ont pour tout péché que de ne pas être nées garçon. La jeune Patrizia, de la génération suivante, prendra non sans difficulté le chemin de l'instruction, après avoir assisté, dans une ville de la vallée, au spectacle du progrès. L'indépendance sera ainsi à portée de main... Ce roman aux personnages follement attachants mêle ainsi l'aventure de la modernisation de l'Italie aux destins peu extravagants des Italiennes des recoins reculés du pays. L'ennui, la violence, la pauvreté, le travail sur une terre pas toujours hospitalière forment un véritable matériau romanesque crédible qui prend presque l'allure d'un récit historique.