Littérature française
Feurat Alani
Le ciel est immense

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Feurat Alani
Le ciel est immense
JC Lattès
20/08/2025
288 pages, 20,90 €
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Chronique de
Stéphanie Hanet
Librairie Coiffard (Nantes) -
❤ Lu et conseillé par
7 libraire(s)
- Stéphanie Hanet de Coiffard (Nantes)
- Amandine Ardouin de Saint-Pierre (Senlis)
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- Aurélie Baudrier de L'Insomnie (Décines-Charpieu)
- Yassi Nasseri de Kimamori (Porto Vecchio)
- Coralie Brunel de Forum (Saint-Étienne)
✒ Stéphanie Hanet
(Librairie Coiffard, Nantes)
« (…) et de nouveau le ciel immense, comme l’absence de quelqu’un », écrivait Gary. Le ciel est immense, titre magnifique choisi par Feurat Alani pour raconter le grand disparu de son histoire familiale.
Après Je me souviens de Falloujah, premier roman remarqué, voyage mémoriel et hommage à son père irakien, Feurat Alani continue de creuser le sillon de l’enquête familiale. « Toutes les familles ont un secret (…) Toutes les familles ont un souterrain (…) Toutes les familles ont un fantôme », écrit-il dans son prologue. Son fantôme à lui, c’est son oncle maternel, Adel, qu’il n’a jamais connu mais qu’il refuse d’effacer du livre familial. Un jour de septembre 1974, Adel a décollé de Bagdad dans un avion de l’armée irakienne puis a disparu des radars pour ne jamais réapparaître. L’état irakien a considéré qu’il s’était écrasé quelque part. Taymour, le narrateur, ne supporte pas le silence qui entoure cette disparition. En 2008, il décide de s’inscrire à l’émission « Zhdi Menya », une sorte de « Perdu de vue » russe, comme il jetterait une bouteille à la mer, tout en nous confiant en parallèle ses avancées, le souvenir des conversations avec sa grand-mère Bibi Nahda, ce que sait son cousin, la découverte de quelques photos, des carnets de son oncle et un peu de correspondance. Toute cette matière lui permet de remonter le fil de l’histoire d’un homme mystérieusement évaporé, effacé et dont le destin semble pourtant lié à l’histoire de l’Irak, à la guerre des Six Jours, à l’arrivée au pouvoir du parti Baas et aux liens entretenus avec l’Union soviétique. Feurat Alani utilise l’image des poupées russes : petit à petit tout s’imbrique, ne manque plus que la dernière poupée, celle faite d’un seul tenant. L’émission russe l’aidera-t-elle à résoudre cette énigme ? On est complètement emporté par la quête de Taymour, par le silence des femmes de la famille qui l’agace, par les grandes histoires d’amour contrariées et par la légende aéronautique d’un pays dont on connaît mal l’histoire.