Essais

Slavoj Zizek

La Nouvelle lutte des classes

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photo libraire

Chronique de Florence Zinck

Librairie Sauramps Comédie (Montpellier)

Slavoj Žižek, philosophe slovène non-conformiste, livre ici un essai à son image, provocateur : La Nouvelle Lutte des classes, les vraies causes des réfugiés et du terrorisme.

Le philosophe présente onze réflexions sur le devenir de l’Europe. On ne peut que ressentir indignation et effroi face à l’amoncellement des faits et des actes dénoncés. Il s’interroge sur l’immobilisme et le silence des États, que ce soit face à la violence faite aux femmes aborigènes dans l’Ouest canadien, aux pertes humaines au Congo, théâtre de « la guerre la plus meurtrière du monde », aux événements de Rotherham, où au moins 1 400 enfants ont été victimes d’exploitation sexuelle de 1997 à 2013, sans oublier les proies de l’esclavage moderne. Il alerte et dénonce ainsi l’exploitation des Chinois dans la ville italienne industrielle de Prato. Néanmoins, le lecteur peut parfois perdre le fil de sa réflexion en raison de la multiplicité de ses références. Ces dernières se composent à la fois d’articles puisés dans les médias, d’extraits cinématographiques ou littéraires, et de remarques philosophiques sur l’universalité. L’auteur insiste sur les bouleversements engendrés par le capitalisme mondial actuel et ses jeux géopolitiques. En ce qui concerne les réfugiés et le terrorisme, Slavoj ŽiŽek tire un constat alarmant sur le devenir de l’Europe et du Moyen-Orient, « une tâche presque impossible dans l’obscurité croissante ». Ce triste constat nous rappelle des vers de Bertolt Brecht qui, quittant l’Allemagne nazie de 1933, écrivit : « Nos défaites, voyez-vous, ne prouvent rien, sinon que nous sommes trop peu nombreux à lutter contre l’infamie, et nous attendons de ceux qui regardent qu’ils éprouvent au moins quelque honte. » Toutefois, le philosophe suggère des moyens pour sortir de cette impasse : « seules la coordination et l’organisation à grande échelle seront en mesure de mettre un terme au chaos […], ne nous contentons pas de respecter les autres : offrons-leur une lutte commune ».