Littérature française

Jean-Philippe Blondel

La Mise à nu

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photo libraire

Chronique de Olivier Gallais

Librairie Les mots et les choses (Boulogne-Billancourt)

À travers le prisme de la peinture, Jean-Philippe Blondel esquisse un magnifique roman bienveillant et sans concessions sur l’intimité de l’être humain, ses vibrants questionnements, ses sentiments.

Louis Claret, professeur d’anglais proche de la retraite, divorcé, père de deux enfants, a une vie quelque peu ennuyeuse. Lors d’un vernissage d’un de ses anciens élèves devenu un artiste reconnu, il va voir son destin complètement transformé ainsi que celui de ses proches. Jean-Philippe Blondel prouve une nouvelle fois qu’il est un excellent explorateur des sentiments, avec un regard méticuleux sur les gens « normaux », le quotidien des provinciaux, des villes aux centres commerciaux et restaurants périphériques dépourvus d’âme. L’œil est d’ailleurs un élément essentiel dans cette histoire, celui du peintre, du modèle, du prof sur l’élève et réciproquement, d’un monde qui ne s’observe plus, qui ne prend plus le temps de s’ennuyer et de laisser son esprit vagabonder, de laisser libre court à son imagination. C’est un texte qui sonne comme une partition de musique avec ses notes sombres et plus claires, des sons qui claquent, qui dérangent, qui font du bien et qui résonnent longtemps dans la tête. Il interroge aussi le lecteur sur ce qui fait la propre existence d’un homme, d’une femme (la notoriété, le regard des autres, les souvenirs, la famille, les amis…) et nous berce de page en page grâce à son écriture simple et ample. L’auteur du déjà remarquable 06h41 nous montre comment des personnages au passé douloureux qui pèse sur leur présent peuvent s’en libérer totalement et vivre un avenir plus apaisé et radieux : une renaissance. Alors lisez ce formidable livre, vous passerez du rire aux larmes et faites comme Louis, pour mieux vous retrouver, n’hésitez pas à vous mettre à nu.