Dans son Journal d’un vampire en pyjama, Mathias Malzieu revient, sous la forme du journal intime, sur le mal qui l’a frappé à l’aube de ses 40 ans. Un récit sensible où l’auteur ne perd rien de sa malice et de sa drôlerie.

Artiste hors pair maniant les mots sous toutes leurs formes (musique, littérature, cinéma...), le chanteur du groupe Dionysos a bien failli abandonner son skate-board, ses copains et sa Rosy, pour aller rejoindre son poète préféré, Walt Whitman, dans un endroit sans musique et dont personne n'est jamais revenu. Le 6 novembre 2013, alors qu'il s'apprête à enregistrer le clip officiel de « Jack et la mécanique du cœur », Mathias Malzieu sent son corps de rockeur s'essouffler. Les prises s’enchaînent et l'artiste prend sur lui pour ne pas laisser percevoir son mal. Il le sait, il le sent, quelque chose ne tourne pas rond dans son petit corps de rêveur. La prise de sang qu'il fera le lendemain, ainsi que d'autres examens médicaux, viendront confirmer son inquiétude et poser un nom sur ses maux : aplasie médullaire, « une maladie du sang aussi grave que rare », un nom barbare pour un mal qui pourrait bien lui coûter la vie. Désormais, l’existence du romancier va radicalement changer, se transformant en contrainte pour celui qui chérissait tant sa liberté. Il lui faudra renoncer aux efforts physiques, aux sorties dans les lieux publics, aux grandes cascades et, le plus dur, aux bisous de quiconque, même de son amoureuse. Ajoutons à cette terrible liste la présence quasi continuelle de Dame Oclès, qui ne cesse de brandir son épée au-dessus de la tête de notre poète. Qui de la maladie ou de notre narrateur gagnera cet effrayant combat ? Mathias Malzieu est, depuis toujours, à la tête d'un univers enchanté où le rêve et la poésie sont un rempart à l'obscurité. Dans ce récit intimiste et poignant, l'écrivain ne déroge pas à ses habitudes, signe que les mots peuvent sauver les hommes. Notons également que le groupe Dionysos sortira bientôt son huitième album.