Bande dessinée

Aurélien Ducoudray , Delphine Priet-Mahéo

Gueule d’amour

photo libraire

Chronique de Didier Courtade

Bibliothèque/Médiathèque André Labarrère (Pau)

1918, la fin de la guerre dévoile le sombre tableau des morts et des blessés, dont ces « gueules cassées », qui désignent les anciens combattants aux visages mutilés. Gueule d’amour se présente comme un hommage aux défigurés et raconte le passage de ces soldats du cauchemar de la guerre à une autre espèce de cauchemar : leur survie en tant que curiosité anatomique. Si leur prise en charge par les chirurgiens et les infirmières les prépare à affronter la violence du regard d’autrui, la fascination, l’effroi ou le dégoût qu’ils suscitent ne leur épargnent pas d’indicibles sentiments de rejet et de honte. La hantise de ces hommes de ne plus pouvoir être aimés par une femme et de partager une vie intime est largement évoquée par la peinture de scènes érotiques où l’expression de la sexualité n’est jamais éloignée du sordide. Le dessin à la mine de crayon magnifie ce récit poignant.

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