Littérature française

Anouar Benmalek

Fils du Shéol

photo libraire

Chronique de Marie-Pierre Cambon

Librairie L'Oiseau Moqueur (Sucy-en-Brie)

Karl, 12 ans, est en partance pour les camps de la mort où il va mourir gazé. Dans son wagon plombé, il va connaître l’ivresse d’un amour naissant. C’est le début du récit et de son autre vie, celle qui se tient depuis le Shéol, le séjour des morts, où il devient témoin. Il voit son père devenu sonderkommando : une victime qui tue d’autres victimes. Il voit Elisa, la femme lumineuse tant aimée. Il voit la mère vive et tendre, finir elle aussi gazée… Karl peut-il, du séjour des Âmes, inverser la cruauté et intervenir ? Il lui faudra remonter le temps et suivre son grand-père, amoureux d’une femme herero en Namibie, au temps du génocide originel commis par les colons allemands contre ce peuple. Le génocide du peuple herero entre en résonance avec la Shoah dans un roman qui fait réfléchir. Au cœur du malheur, on s’indigne, on s’interroge, car il s’agit de gens comme vous et moi, de simples individus soumis aux turbulences de l’Histoire. Anouar Benmalek les vengent, car on ne peut effacer la mémoire de Karl, le témoin qui raconte les vies, ses courtes vies. Ainsi ils laissent des traces dans nos mémoires une fois la dernière page tournée.

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