Littérature française

Éric Faye

Éclipses japonaises

photo libraire

Chronique de Marie Stefani

Librairie Anagramme (Sèvres)

Éclipses japonaises aurait pu prendre la forme d’une enquête, ou se présenter comme le récit de plusieurs vies. Éric Faye, avec beaucoup de subtilité, a décidé d’en faire un roman.

Au fil de la lecture, nous rencontrons des personnages arrachés à leur terre natale, se retrouvant prisonniers d’un cargo sans raison. Dès lors, le lecteur se pose de nombreuses questions : pourquoi ces enlèvements ? Quel sens donner à une telle violence physique et psychologique ? D’une part, c’est à travers les voix de Setsuko, Bill et Naoko, que nous partageons le quotidien de ces déracinés. Ils exposent leurs doutes et leurs incompréhensions. D’autre part, les familles orphelines dévoilent leur espoir de retrouver les êtres aimés, alors même qu’on les invite à envisager le pire. Les chapitres se succèdent et les raisons de la présence de ces hommes et femmes de différentes nationalités se dévoilent, notamment grâce à la présence d’un enquêteur du Bureau des enlèvements. La force du roman réside dans celle de ces personnages qui font preuve de résilience et tentent de se reconstruire loin de leurs proches, mais aussi dans le travail d’Éric Faye qui dévoile la complexité des relations entre le Japon et la Corée du Nord.

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