Littérature française

Paule Constant

C’est fort la France !

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photo libraire

Chronique de Antoinette Brunier-Roméo

Librairie Le Cadran lunaire (Mâcon)

Le dernier roman de Paule Constant, qui vient d’être élue à l’Académie Goncourt, ausculte sans préjugés ni concessions la colonisation française en Afrique. Remarquable !

La narratrice, écrivain de son état, reprend contact, suite à un courrier qu’elle a reçu, avec une vieille dame qu’elle a connue il y a longtemps, alors qu’elle était une enfant et vivait au Cameroun, dans le village de Batouri. Ensemble, les deux femmes évoquent l’époque révolue des années 1950 et de l’empire colonial français finissant, nous faisant pénétrer au sein du microcosme des fonctionnaires en poste dans ces zones reculées de la République. Madame Dubois, la vieille dame, avait 50 ans à l’époque et était l’épouse de l’administrateur de la région. Elle croyait alors à la grandeur de l’œuvre civilisatrice menée par la France, jusqu’à ce que, peu à peu, insidieusement, ses convictions s’effritent et que le mythe s’évanouisse sous les coups répétés des horreurs commises en son nom. Et puis il y a la solitude, l’isolement, le spectacle lamentable offert par certains colons, qui contribuent aussi à ébranler la femme de l’administrateur dans sa foi. Comme un écho à Ouregano, paru il y a trente-trois ans, Paule Constant revisite l’histoire peu reluisante de la colonisation française en Afrique, avec ses outrages impardonnables et ses cauchemars de massacres, mais aussi ses rêves de gloire, la splendeur de certains de ses mythes et la beauté de ses illusions.