Polar
Audrey Sabardeil
Cargo blues

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Audrey Sabardeil
Cargo blues
Le bruit du monde
03/04/2025
384 pages, 21 €
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Chronique de
Valeria Gonzalez y Reyero
Librairie Jeanne Laffitte (Marseille) -
❤ Lu et conseillé par
5 libraire(s)
- Laurence Behocaray de I.U.T. Carrières sociales, Université (Tours)
- Angéline Botherel de Réseau des médiathèques de Toulon (Toulon)
- Valeria Gonzalez y Reyero de Jeanne Laffitte (Marseille)
- Marianne Stelmach de Au détour des mots (Tournon-sur-Rhône)
- Nathalie Sarles de Paroles (Saint-Mandé)

✒ Valeria Gonzalez y Reyero
(Librairie Jeanne Laffitte, Marseille)
Le polar marseillais entre enfin dans le catalogue de la maison d’édition Le bruit du monde grâce à Audrey Sabardeil et son roman noir Cargo blues, qui nous plonge dans le ventre sombre de la cité phocéenne.
Loin des clichés du soleil qui brille et de l’accent chantant, Marseille a toujours été une ville qui a inspiré un grand nombre d’écrivains de polars, le plus connu étant Jean-Claude Izzo, au début des années 2000. Il a mis en lumière la face sombre de cette ville gangrenée par le trafic, la corruption et les pouvoirs mafieux. Plus de vingt ans après, c’est par la plume d’une femme que le polar marseillais revient sur le devant de la scène littéraire. Audrey Sabardeil, qui a passé à Marseille près de quarante ans, a su reprendre le flambeau réactualisant l’intrigue avec des thématiques contemporaines. Car on voit dans son roman, par exemple, la détresse des migrants de la guerre en Ukraine, l’énorme diffusion du crack dans les quartiers pauvres du centre-ville ou encore la spéculation immobilière sous couvert de renouveau, suite aux événements de la rue d’Aubagne. Bien que le style d’Audrey Saberdeil soit assez simple, l’intrigue est bien ficelée et entraîne le lecteur dans une descente vertigineuse vers une histoire sordide et violente de laquelle on ne sortira pas indemne. Tout commence par une fusillade dans un quartier du centre-ville, au bas de l’immeuble où Angelica, assistante sociale, habite avec son fils Charlie. Secouée par l’événement qui a causé la mort d’un jeune garçon, Angelica en parle à Fab, son grand ami d’enfance, marin silencieux et un peu bourru mais au grand cœur. De fil en aiguille, des détails liés à cette fusillade intriguent et alertent Fab qui se retrouvera englué malgré lui dans un tourbillon d’événements bien plus importants et effrayants que ce qu’il aurait pu imaginer. Des petits caïds de quartier aux hautes sphères de la société marseillaise, Audrey Sabardeil peint la noirceur d’une ville engluée dans la corruption et la violence, dans laquelle même les cœurs simples finissent, parfois, par se noyer.