Alexandre Lacroix explore les liens sensoriels et émotionnels que nous pouvons tisser avec notre environnement à l'heure du réchauffement climatique. Une lecture philosophique des paysages du XXIe siècle.

« Voici un geste que nous avons tous fait et plutôt souvent. En promenade, dans un coin de nature qui nous enchante, nous nous apprêtons à prendre une photographie pour en conserver un souvenir ou partager nos impressions avec nos amis mais, malheureusement, il y a un énorme pylône sur la droite. Qu'à cela ne tienne, nous le cadrons de façon à ce qu'il n'apparaisse pas sur la photo. » Le philosophe part de cette expérience commune, de cet « évitement » pour s'interroger et appréhender la question suivante : si on laisse le pylône sur la photographie, que ressentons-nous ? Pourquoi falsifions-nous cette nature « saccagée » ? Quelle est donc cette idée de la « pureté » naturelle de la nature ? La littérature dite naturaliste ou écologique renforce ce déni que nous entretenons avec une nature fantasmée : celle des grands espaces totalement vierges et sauvages, si bien que nous oublions celle qui nous entoure réellement. Il faut repenser la lecture de nos paysages à l'aune du réchauffement climatique. Au cœur de la nature blessée peut se lire comme une suite plus actuelle, moins intemporelle de Devant la beauté de la nature publié en 2018 (Allary). Dans son nouvel essai qui peut se lire indépendamment, il y est question des enjeux de la restauration écologique et du rapport à notre environnement. Alexandre Lacroix s'inquiète de la possibilité pour le monde contemporain d'inscrire la mémoire dans le paysage, de le voir tel qu'il est devenu sans filtre, ni artifice et alerte sur la nécessité de conserver les traces de l'effondrement, qu'elles soient lentes ou brutales. Ce livre est le fruit d'une longue enquête qui a amené le philosophe à voyager et à interroger des gens tout autour du monde. Un essai passionnant et limpide, une invitation à changer notre regard sur nos paysages contemporains.