Wanted

Hormis quelques journalistes, cette déclaration semble ne surprendre personne. Aucune réaction de la part des chefs d'État, pas plus que de leurs administrés, dénonçant une apathie, un attentisme ou plus probablement un je-m’en-foutisme de la population mondiale qui, outre avoir abandonné tout engagement politique, considère celle-ci telle qu'on la lui sert, comme un show dont le but ultime est de faire le buzz au niveau planétaire. Mais en quoi, au juste, cette offre est-elle surprenante ? Car depuis la victoire des Alliés en 1945, les États-Unis ont gardé l'habitude de déclencher des conflits, officiellement ou pas, pour renflouer leurs caisses, sans que cela n’offusque qui que ce soit. Ce qui diffère ici, c'est qu'Elon Musk, avec l’aval de Donald Trump, agit arbitrairement et individuellement, emploie des moyens dictatoriaux impliquant l’autoproclamée « plus grande démocratie sur terre ». Il nomme une cible et pas n'importe laquelle, le président de la fédération de Russie, le qualifiant de nuisible, de parasite, voire de paria. Il s'adresse à tout quidam sur le globe, fait fi de la diplomatie élémentaire et, enfin, il se sert ouvertement du pouvoir que lui procure l'argent. Est-ce la peur qui nous tétanise ? Est-ce la crainte d'être désigné à notre tour ennemi public n°1 ? Apparemment non, ce procédé archaïque évitant le bain de sang des batailles rangées et libérant des territoires. Un acte audacieux, donc, qui mérite bien le prix Nobel de la Paix. Encouragés dans leur délire, se prenant pour les maîtres absolus de l'humanité, Musk et Trump continuent leur gouvernance sans aucune restriction, contrainte ou pénalité. Ils avancent sereins dans leur univers de cartoon à proférer des énormités, plaçant au pinacle de notre civilisation le crétinisme et la médiocrité.