Jeunesse

Ariane Guézouli

Quand la magie rencontre les gallinacés !

photo libraire

L'entretien par Florence Fux

Librairie Vivement dimanche - La Benjamine (Lyon)

Dans La Tourneuse de vent, Ariane Guézouli nous emmène dans une histoire haute en couleur, en magie et en humour, avec une sœur poule, des toilettes qui défendent leurs apprentis sorciers préférés ou encore une montgolfière apprivoisée. Un plaisir de lecture pour lequel on a eu envie d'en savoir plus !

Votre univers magique est très riche. Quelles ont été vos inspirations ?

Ariane Guézouli - J’ai eu trois inspirations principales. D’abord les contes classiques. J’aime bien les reprendre, les déformer, les retourner : la forêt menaçante du Petit Chaperon rouge, Les Fées de Perrault pour un des éléments de la fin. C’est tout un univers construit depuis l’enfance dans lequel j’ai puisé. La mythologie grecque aussi : le doigt doré de Midas ou Circé et ses métamorphoses. Et enfin les films d’animation : Walt Disney (La Belle et la Bête avec les objets animés ou le tapis volant d’Aladdin) mais aussi ceux du Studio Ghibli.

 

Le Sorcier des Lumières a un air dramatique qui rappelle Hauru dans Le Château ambulant. Vous a-t-il inspiré ?

A. G. - Pas de manière consciente. Je n’avais pas prévu de m’inspirer de ce personnage mais lorsque j’ai revu la scène où Hauru a ses cheveux qui changent de couleur, je me suis dit que ces grandes envolées lyriques ressemblaient bien au Sorcier des Lumières. J’aime beaucoup les personnages « diva » qui en font trop. Ils ont un potentiel comique et ridicule qui me plaît.

 

La première phrase donne le ton du roman : « Ma sœur vient d’être transformée en poule ». Quand l’avez-vous écrite ? On sent tout de suite l’humour et la fantaisie. Avez-vous des références à partager ?

A. G. - C’est la première phrase qui m’est venue. Je me suis dit que ça pouvait être amusant un personnage transformé en poule ! Ce n’est pas l’animal le plus noble qui soit et il a aussi un potentiel comique certain. J’aime beaucoup les histoires qui font rire. Une qui a marqué mon imaginaire et mon humour, c’est la Trilogie de Bartiméus de Jonathan Stroud. J’ai souvent relu cette saga, je la connais sans doute par cœur et je pense qu’elle m’a beaucoup inspirée. Mes lectures d'enfance ont aussi été marquées par la série des Garin Trousseboeuf d’Évelyne Brisou Pellen, avec ce personnage qui peut être gaffeur, à qui il arrive des mésaventures et qui ne se prend pas au sérieux. Je citerai également Les Malheurs de Sophie qui a joué un rôle important. Sophie est très gaffeuse et cette propension à la maladresse est renforcé par le ton ironique de la comtesse de Ségur. Je pense que je suis partie de cela car le titre provisoire de cette histoire était Les Malheurs de Solveig. C’était un clin d'œil à Sophie qui fait beaucoup de bourdes et que j’ai toujours trouvée très drôle, même si son personnage est parfois un peu dramatique.

 

En parlant de Solveig, elle est plutôt timide, maladroite, elle n’a pas confiance en elle. Était-ce voulu dès le début de l'écriture ?

A. G. - Oui, l’idée était que ce personnage puisse évoluer, que Solveig apprenne à se connaître, y compris ses forces. Je suis enseignante et j’observe régulièrement que des adolescents, persuadés d’être mauvais dans une discipline ou de ne pas savoir faire parce leurs parents ou d’autres les en ont convaincu, se freinent. J’avais donc envie que Solveig soit, au départ, pas du tout convaincue de sa valeur, maladroite. Elle se voit comme rêveuse, pas douée car ses parents (qui ne sont pourtant pas les Thénardiers mais qui ne sont pas les plus attentionnés du monde) sont tellement pris par leur métier qu’ils la dévalorisent même s’ils l’aiment, par des petites phrases, des petites remarques qui ne font que renforcer cette image d’elle qui est biaisée. Il fallait donc qu’elle quitte ce foyer familial pour se déconstruire et se reconstruire, avec des personnages qui ne la connaissent pas, qui n’auront pas de biais à son égard et qui vont remarquer ses qualités. Je suis contente que son évolution se soit vue.

 

La pâtisserie accompagne l’histoire. Y avait-il une volonté de donner faim aux lecteurs ? Si les personnages principaux devaient être des pâtisseries, lesquelles seraient-ils ?

A. G. – Oui ! J’aime l’humour mais j’aime beaucoup manger aussi ! J’avais envie de laisser transparaître ça. J’adore, quand je lis des romans, qu’il y ait des descriptions qui me donnent faim. Si ça fonctionne tant mieux ! Je me suis amusée à parler de cuisine. Votre deuxième question m’a amenée très loin dans la réflexion ! Solveig, puisqu’une magicienne lui dit qu’elle sent la brioche, pourrait être représentée par une brioche perdue ! Elle est réalisée à partir de brioches rassies, ce qui n'est pas très glamour et pourrait correspondre à l'image qu’elle a d’elle-même. Mais c’est pourtant un dessert qui est très gourmand et qui a beaucoup de qualités ! Pour Méliès, le plus logique serait le mille-feuille, car il a beaucoup de facettes et de couches qui se superposent ! Le Sorcier serait un baba au rhum ! Il aime lever le coude de temps en temps et la crème fouettée sur le dessus pourrait représenter son ambition. Je dois penser au baba car c’est un dessert que je n’aime pas, comme le personnage qui n’est pas des plus sympathiques !

 

 

À propos du livre

Lorsqu'un sorcier susceptible transforme la sœur de Solveig en poule et que ses parents n'ont pas l'air très inquiets, Solveig décide de prendre les choses en main. Le problème, c'est qu'elle va débarquer dans une ville inconnue, toujours avec sa sœur Poule avec, en bonus, un doigt doré. Et si vous pensez que sa journée a mal commencé, attendez de rencontrer Méliès, un apprenti sorcier plein de secrets, Fantine, une autre apprentie aussi détestable qu'une carie ou encore le Sorcier des Lumières qui se comporte comme un gros bébé gâté. Heureusement, Solveig peut compter sur son éternel optimisme et sa formidable bonne humeur pour l'accompagner !