Littérature étrangère

Giovanni Arpino

Mon frère italien

photo libraire

Chronique de Antoinette Brunier-Roméo

Librairie Le Cadran lunaire (Mâcon)

Mon frère italien est le troisième livre de Giovanni Arpino publié par Belfond. Il n’avait pas encore été traduit en français, c’est chose faite. C’est remarquable.


Carlo Botero, veuf, instituteur à la retraite, coule des jours tranquilles dans son deux pièces turinois avec pour seul compagnon son chat Staline, et pour seule ambition d’attendre patiemment la mort. Lorsque sa fille, un beau ratage d’après lui, vient lui proposer de commettre un acte qui pourrait la libérer d’un ex-mari trop encombrant, la vie de Botero bascule. D’abord parce qu’il va rencontrer ce vieux Calabrais de Raffaele Cardoso, ensuite parce qu’ensemble, ils vont décider de lutter contre le mal afin de sauver leur âme. Fabuleuse quête que celle de ces deux vieux égarés dans un monde si loin du leur, le Turin des années 1970, dans un monde en pleine mutation où ils n’ont plus le moindre repère. Dans cette superbe fresque consacrée à la traque du mal, Arpino ne cesse de s’interroger sur la condition humaine, sur l’origine du mal, thème récurrent de son œuvre, sur la perversion, sur la société marchande, sur un monde qui se liquéfie et perd ses valeurs essentielles, mais aussi sur une Italie en perdition. La plume d’Arpino est féroce, parfaitement aiguisée, tranchante, magnifique, salvatrice. Lecture corrosive et jubilatoire, à lire sans modération.

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