Littérature étrangère

Mènis Koumandarèas

Le Beau Capitaine

photo libraire

Chronique de Christine Lemoine

Librairie Violette and co (Paris)

Nous sommes au début des années 1960, en Grèce. Le narrateur, juge au Conseil d’État, mène une vie de vieux garçon entre son travail de fonctionnaire qui ne se mêle pas de politique, sa gouvernante et la musique classique. Un jeune militaire présente un jour une requête : il conteste la décision de sa hiérarchie de lui refuser un avancement. D’abord frappé par sa prestance et son assurance, le narrateur est bientôt troublé par ce « beau Capitaine » qui, au fil des ans, s’entêtera en toute naïveté à mettre en cause l’ordre militaire jusqu’à se perdre lui-même. Le narrateur rêve du beau Capitaine, il l’oublie aussi pendant de longues périodes. Cet homme l’intrigue, le perturbe, l’attire. Il s’y attache plus qu’il ne devrait, car l’absurdité de sa démarche obstinée fait douter de son état mental. Ces années-là sont aussi celles de la montée en puissance des Colonels, qui débouchera sur la dictature. Et c’est cette toile de fond qui donne tout son sens au roman, écrit dans une langue simple et rigoureuse par cet auteur grec né en 1931, l’un des plus importants de sa génération.

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