Littérature étrangère

Anouk Markovits

Je suis interdite

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photo libraire

Chronique de Éloïse Boutin

Librairie L'Embellie (La Bernerie en Retz)

De l’Europe de l’Est à Paris, puis aux États-Unis, une famille juive orthodoxe entretient sa ferveur religieuse sur quatre générations, malgré la guerre et l’exil. Les doutes et le désir de liberté menacent pourtant le foyer.

Transylvanie, Seconde Guerre mondiale. Au sein de la communauté juive hassidique, les déportations et les meurtres font de nombreuses victimes. Mila, jeune orpheline, est élevée auprès d’Atara dans la famille Stern. Les deux sœurs de cœur deviennent inséparables. Puis vient l’exil à Paris, où Zalmann Stern tente difficilement de donner une éducation religieuse stricte à ses filles. La Torah interdisant toute innovation, il est compliqué d’évoluer dans cette ville moderne et multiculturelle. Pour les deux jeunes filles, les tentations sont partout et l’idée d’une autre vie possible commence à germer en même temps que des désirs de liberté. Passionnée par les livres et le savoir, Atara choisit de partir, même si cela implique d’être reniée par sa famille. Mila, quant à elle, se marie selon la tradition hassidique avec celui qui lui avait permis d’échapper à la mort alors qu’elle était enfant. Séparées, les deux sœurs ne seront réunies que des années plus tard lorsqu’un terrible secret menacera l’honneur de la famille. Issue d’une famille juive ultra-orthodoxe, l’auteure a été élevée à Paris dans le respect strict de la loi. Interdite de lecture profane, elle a pourtant été attirée par les livres et a transgressé les règles de la communauté pour s’offrir quelques moments de plaisir. Anouk Markovits a choisi la liberté et s’est coupée définitivement de sa famille pour vivre selon ses rêves. Passée de lectrice à écrivain, elle a écrit un roman remarquable. Pas une autobiographie, mais une histoire inspirée de ce qu’elle a vécu, sans jugement et avec un profond respect pour cette religion qu’elle a laissée derrière elle. Je suis interdite est un roman sur l’histoire et la vie de cette communauté très conservatrice, mais aussi sur la possibilité d’une voie vers le monde extérieur.