Littérature étrangère

Ariel Magnus

Eichmann à Buenos Aires

photo libraire

Chronique de Hakim Merah

Librairie Maison de la presse (Aix-les-Bains)

Argentine, 1952. Le pays est endeuillé : Evita est morte. C’est là et à cette période que vit caché un homme sous le nom de Klement, de son vrai nom Adolph Eichmann. Le roman se lit d’un souffle et autant dire que l’air se raréfie d’emblée. Il aurait pu s’intituler « Dans la tête d’Eichmann » tellement l’immersion est totale. Et on est dans la tête du monstre. L’anonymat est son seul leitmotiv mais rien de la personnalité de l’homme ne nous est épargné. Sa nouvelle vie en Argentine, avec une communauté allemande reconstituée et empreinte de nostalgie, est animée par une velléité de construire un nouveau Reich. Une évocation des collusions entre ces « entrepreneurs » et le régime péroniste est riche d’enseignements. La personnalité d’Eichmann est révélée dans toute son horreur : l’homme n’a rien perdu de sa « méthodologie » et le terme de « déportologue » est frappant. Intelligent, cynique, nécessaire, ce roman est aussi terrifiant qu’édifiant. Sans doute un des plus remarquables de cette rentrée.

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