Littérature française

Jane Sautière

Corps flottants

photo libraire

Chronique de Juliette Retamal

Librairie La Terrasse de Gutenberg (Paris)

Retrouver les images manquantes. Rembobiner les souvenirs. Réussir à activer sa mémoire pour retenir, se souvenir. Dans Corps flottants, Jane Sautière se remémore ses impressions d’adolescente dans un Cambodge qu’elle a partiellement oublié. Par petites touches, petites phrases, elle remplit les vides et, comme une musique scandée, « Kampot, Kirirom, Takmao, le Phnom », le lecteur découvre le Cambodge, trait après trait, comme s’il assistait à la naissance d’un tableau. Peu à peu, les morceaux de vie s’imbriquent les uns aux autres et construisent le récit, comme un roman. L’auteure écrit : « la peau porte la trace des blessures, les cicatrices ». Et son histoire rejoint la Grande Histoire. Lentement mais inexorablement, la mémoire se rappelle la guerre, omniprésente et en même temps si loin, et l’effacement jusque dans sa propre famille et sa mémoire. L’écriture est belle, authentique et imagée. On ne lâche pas ce texte sensible et romanesque.