Littérature étrangère
Inga Vesper
Les Berlinoises

-
Inga Vesper
Les Berlinoises
Traduit de l'anglais par Thomas Leclere
Éditions de La Martinière
02/05/2025
398 pages, 22,90 €
-
Chronique de
Christelle Georgel
Librairie L'Indépendante (Saint-Gaudens) -
❤ Lu et conseillé par
9 libraire(s)
- Laurence Behocaray de I.U.T. Carrières sociales, Université (Tours)
- Isabelle Aurousseau-Couriol de de Paris (Saint-Étienne)
- Delphine Olivier-Auzie de Le Pain de 4 livres (Yerres)
- Valérie Fèvre de La Cabane à lire (Bruz)
- Séverine Aumont-Sanz de Volte pages (Olivet)
- Anne Mamour de Le Millefeuille (Clamecy)
- Christelle Georgel de L'Indépendante (Saint-Gaudens)
- Catherine Vialle de Le Partage des mots (Villenave-d'Ornon)
- Laura Caillaud de BIBLIOTHEQUE MUNICIPALE (OSNY)
✒ Christelle Georgel
(Librairie L'Indépendante, Saint-Gaudens)
Inga Vesper puise dans son histoire personnelle pour ce grand roman historique. Au cœur de l’hiver 1946, dans un Berlin en ruines occupé par les Alliés, elle explore l'histoire de sept femmes allemandes au passé obscur.
Sept femmes allemandes vivent dans une pension interdite aux hommes. Elles ont en commun d’être sous la protection de Vera qui a encore de nombreuses relations. Vera est une ancienne actrice star des films de propagande. Le soir, elle chante pour les Alliés dans un cabaret miteux, au milieu des ruines. Mais Vera a d’autres occupations. Car ces sept femmes ont toutes un passé obscur : certaines ont collaboré, voire participé aux crimes nazis. Pour certaines, comme Rike, une énorme culpabilité a fait place aux convictions, convictions altérées par la défaite. Vivre sous le même toit va devenir un exercice périlleux. Au fil des pages s’opposent des visions politiques et sociétales irréconciliables et une nécessité vitale de rester solidaires. Chacune porte ses blessures, ses regrets, ses vérités. Chacune participe à la reconstruction du pays sous la houlette des Américains. Billy, jeune soldat américain, incarne l’Amérique de cette époque, une Amérique dans laquelle les soldats sont séparés : d'un côté les noirs, de l'autre les blancs. Avec ces personnages, principalement féminins, Inga Vesper nous offre un point de vue assez inhabituel de cet hiver 1946. Un pari osé mais réussi. C’est une plongée saisissante dans le Berlin de l’après-guerre, très documentée sur la dénazification et sur l’attitude ambiguë des Américains vis-à-vis des Allemands « suivistes ». Et une exploration toute en nuances, sans jugement, du destin de ces femmes « ordinaires », en charge de la reconstruction de leur pays. Une plume fluide et une narration chorale (celles de Vera, lors de son entretien de dénazification, de Rike, rongée par la culpabilité, ou de Billy, qui enquête sur deux crimes mystérieux) permettent à Inga Vesper de dérouler une intrigue rythmée jusqu’à la fin. Un grand roman.