Littérature française

« La beauté n’est que le commencement du terrible » (Rilke)

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photo libraire

Par Séverine Aumont-Sanz

Librairie Volte pages (Olivet)

Cette phrase illustre à merveille les deux nouveaux textes d’Éric-Emmanuel Schmitt. L’un met en scène deux couples mythiques des années 1960, voisins de bungalow, l’autre est un hommage à la légendaire Maria Callas.

Bungalow 21 est une pièce de théâtre. Los Angeles, 1960. Deux couples séjournent au Beverly Hills Hôtel. Le bungalow 20 est occupé par Signoret et Montand au somment de leur gloire et de leur amour ; elle est nommée aux Oscars, il doit tourner Le Milliardaire. Le bungalow 21 est celui occupé par Marilyn Monroe et son époux Arthur Miller. Leur amour s’essouffle, Marilyn paraît plus fragile que jamais, elle doit donner la réplique à Montand. Ces quatre-là sympathisent mais Arthur part en Irlande et Simone sur un tournage à Rome. Yves ne résistera pas longtemps aux charmes et à la détresse de la blonde magnifique. Cette liaison sonnera le glas du mariage d’Arthur et Marilyn, et renforcera celui de Simone et Yves. Au-delà de la simple liaison adultère, l’auteur nous plonge dans l’intimité de ces personnages et dans les faiblesses de chacun. La Rivale, de son côté, est conçu comme le témoignage d’une obscure cantatrice qui aurait sombré dans l’oubli à cause de Maria Callas. Bouc émissaire ? Rivale réelle ? Carlotta, personnage cocasse et plein d’humour, mais aussi de haine, permet à l’auteur de dresser le « portrait en creux d’une Callas méconnue » qui finalement aura répété sa mort sur scène toute sa vie. Ce qui est touchant dans ces deux histoires, c’est la sororité qui les traverse. Au-delà de la question de la trahison, nous sommes émus par l’amitié qui se noue entre Simone et Marilyn, deux femmes en apparence opposées, l’une sûre d’elle, l’autre tout en fragilité. Et si Carlotta rend La Callas responsable de sa chute, elle ne peut qu’admettre son incroyable présence scénique et reconnaître son talent. Éric-Emmanuel Schmitt est un faiseur d’histoires, un amoureux des mots mais aussi un mélomane averti : lui seul pouvait nous conter ces deux histoires avec autant de talent, la voix étant, comme il le dit, son instrument préféré.