Littérature française

Lenka Hornakova-Civade

Une verrière sous le ciel

photo libraire

Chronique de Anaïs Ballin

Librairie Les mots et les choses (Boulogne-Billancourt)

La France de la fin des années 1980, l’entrée dans le monde adulte, la quête de soi, de l’autre et de la vie, dans un roman éblouissant publié aux éditions Alma.

1988. Ana a 18 ans. Elle est née et a grandi en Tchécoslovaquie, après avoir été envoyée en colonie de vacances, en France, par le Parti communiste. Le jour du retour, Gare de l’Est, elle ne quitte pas le quai. Elle restera ici, coûte que coûte, et n’en démordra pas. Grishka qui, quelque dizaine d’années auparavant, a elle aussi décidé de faire de la France son avenir, la confie à Jean-Pierre, patron d’un bistrot comme on l’imagine dans les films (on retrouve quelque chose de Jean-Pierre Bacri sur le visage de celui qu’on imagine au fil de la lecture, jusque dans le caractère et la bonhomie dont le pare l’auteur). Après Giboulées de soleil, couronné du Renaudot des lycées en 2016, Lenka Hornáková-Civade, avec cette écriture lumineuse qui la caractérise, signe un roman qui transpire la quête de liberté, la quête de l’autre, non comme miroir à soi-même mais comme un regard qui porte et construit l’être en devenir qu’Ana est alors. Elle donne aussi à lire une certaine idée de la France des années 1990, avec sa galerie de personnages de café caractéristiques et incarnés. Un roman à la construction cinématographique qui se retrouve dans chaque page et que l’on savoure comme on regarderait un Claude Sautet une fin d’après-midi d’hiver.

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