Littérature française

Léna Pontgelard

Une si moderne solitude

Chronique de Didier Devillaz

Librairie des Pertuis (Saint-Pierre-d’Oléron)

Marie et Léon s’aiment d’un amour passion depuis la nuit des temps. Marie tombe enceinte mais, au bout de deux mois, elle fait une fausse couche. Il aurait dû s’appeler Amande. Une poupée pourrait-elle remplacer Amande, devenir Amande, avoir des cheveux bouclés comme ceux de Léon et des mèches provenant d’autres endroits, d’autres têtes d’enfants ? Ce récit comme un conte au bord d’un précipice, d’une démence latente est servi par une écriture pointue, des personnages tout aussi touchants qu’inquiétants. Certaines scènes n’en demeurent pas moins drôles, quand Marie regarde les enfants des autres avec cynisme ou quand Léon émet l’idée d’essayer des enfants, « une façon de tester, avec un service après-vente moins encombrant ». On remarque d’ailleurs une filiation avec Lewis Carroll : on bascule de l'autre côté du miroir, on suit un lapin avec un visage d’enfant qui va emmener Marie et Léon jusqu'à l'orée de la forêt. Ce mélange de sentiments et d’ambiances, où la folie frôle l’humour, est traité avec maestria pour un premier roman. Une belle surprise.

illustration

Les autres chroniques du libraire