Polar

Karine Giebel

Toutes blessent, la dernière tue

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photo libraire

Chronique de Maëlle Penaud

Librairie Thuard (Le Mans)

L’esclavage façon XXIe siècle avec un portrait de femme forte et courageuse que la vie n’épargne pas. On retrouve, avec ce nouveau roman de Karine Giebel, tous les ingrédients qui avaient fait le succès de Meurtres pour rédemption (Pocket).

L’esclavage moderne paraît inimaginable de nos jours. Cependant, ce récit pourrait bien être une réalité et c’est terrifiant. Tama, 8 ans, est vendue à une famille française comme « bonne ». Réduite à vivre dans un cagibi, elle subit quotidiennement le travail forcé, l’indifférence, les brimades et la violence sans possibilité d’éducation. En parallèle, Gabriel, un homme sombre vivant reclus et au passé douloureux, garde en otage une jeune femme blessée et amnésique. Ces deux personnages vivent un calvaire différent et on se doute que leurs chemins vont se croiser. Mais quels sont les liens qui vont les unir ? C’est de cette façon que Karine Giebel aborde astucieusement ses thèmes de prédilection : la rédemption, la vengeance avec des anti-héros humains et très attachants. Toutes les heures blessent dans cette histoire en référence à la citation latine « Vulnerant omnes, ultima necat ». On espère tout au long du récit que leur dernière heure viendra baignée de lumière. On tourne les pages avec fébrilité et tension afin de découvrir si Tama trouvera sa liberté, la sécurité et le courage de se battre encore et encore. Car là est bien le talent de Karine Giebel, elle a un don tout particulier pour susciter notre empathie et faire naître l’espoir grâce à l’infinie beauté qui émane des combats de ces destins tragiques. Par l’originalité de ses histoires, sa force d’écriture et son sens de la formule, elle dresse le portrait d’une figure féminine inoubliable et se place comme une auteure de thriller incontournable dans le paysage français. Les inconditionnels ne seront pas déçus et pour ceux qui ne la connaissent pas encore, je n’aurais qu’une chose à dire : foncez ! Quand on aime les polars, on ne peut pas passer à côté de cette auteure formidable.