Littérature française

Hélène Lenoir

Pièce rapportée

illustration
photo libraire

Chronique de Jean-Marc Brunier

Librairie Le Cadran lunaire (Mâcon)

Il y a les auteurs Minuit, et puis il y a les autres. Hélène Lenoir est l’une des plus belles voix de cette maison d’édition, voix singulière qui s’affirme de livre en livre.

Quand Elvire, la mère, apprend que Claire, sa fille, vient d’avoir un accident, qu’elle a été fauchée par une moto et se trouve sans connaissance sur un lit d’hôpital, elle prend le premier train pour rejoindre sa fille. Elle ne sait pas encore où va la conduire ce voyage auprès de Claire. Mais elle est progressivement amenée à s’interroger sur elle-même, sur les liens qui unissent, où plutôt désunissent toute la cellule familiale. Hélène Lenoir décrit une famille somme toute banale, classique, appartenant à la bonne société française, ancrée dans ses vieilles traditions… une famille au sein de laquelle Elvire n’est toutefois qu’une pièce rapportée. Rien n’est simple finalement dans une famille. Entre non-dits, secrets, conventions et mystères des relations filiales, chacun cherche sa véritable et juste place. Ces questions affluent à l’esprit d’Elvire au fur et à mesure qu’elle prend conscience de l’état de sa fille. Et toute la force, la puissance de ce nouveau livre d’Hélène Lenoir est justement là, dans cette façon de décortiquer la mécanique des liens mère-fille, femme et mari, belle-fille et beaux-parents, avançant toujours par petites touches subtiles pour mieux en décrypter les mystères. Et puis surtout, il y a cette langue, cette écriture si particulière de l’auteur et à nulle autre pareille.