L’Inscription

Caroline, jeune femme fantasque avide de poésie et, pour tout dire, décalée par rapport au monde qui l’entoure, est prestement invitée par son ami Simon à s’inscrire dans le réel. S’inscrire dans le réel ? Mais où s’inscrire dans le réel ?, demande-t-elle naïvement. À la mairie !, s’entend-elle répondre. Commence alors pour la jeune femme, sous l’œil pervers de l’inscripteur, le douloureux apprentissage de la résignation au réel.

Naviguant entre Lewis Carroll et Kafka, Chantal Montellier signe un album d’une richesse graphique et d’une intelligence narrative prodigieuses. Réactivant une lecture féministe de la société, elle tire, joyeusement, à boulets rouges sur toutes les formes de domination. Et au-delà de l’usage militant du corps féminin, elle transforme, avec maîtrise et créativité, la destinée de Caroline en chant du cygne d’un monde qui a perdu toute sa grâce et sa poésie.