Polar

Tim Willocks

La Religion

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photo libraire

Chronique de Diane Maretheu

Maison d'édition L'Iconoclaste ()

Premier roman de Tim Willocks publié en France en 2009, La Religion sort enfin en poche. Prenez une grande inspiration et plongez tête la première dans les aventures de Mattias Tannhauser.

Ne ratez surtout pas ce roman, même si vous n’aimez pas les romans historiques, même si vous êtes allergique à la religion. Tout ça n’a aucune importance. Ce qui compte, c’est que malgré ses 900 pages, vous allez dévorer les aventures de Mattias Tannhauser. Un mercenaire, un trafiquant d’armes, ancien janissaire, amateur de toutes les bonnes chères. Dans l’Europe du xvi e siècle, il mène sa nouvelle vie d’honnête commerçant aux côtés de ses deux compagnons : le colosse fidèle, Bors, ainsi que Sabato, l’Italien raffiné, tous deux reflets des nombreuses facettes de Mattias. Tout va plutôt bien pour lui jusqu’à l’arrivée de deux femmes, Carla et Amparo, aussi belles que mystérieuses. Pour leurs beaux yeux et animé d’un certain goût pour l’aventure, il accepte de se rendre sur l’île de Malte avec elles, territoire alors secoué par les guerres de religions. Enfant de deux cultures, né dans une famille catholique mais élevé par des musulmans, Mattias incarne la dichotomie de ces peuples qui vivent sur le même modèle d’une religion monothéiste, mais se montrent incapable de se tolérer les uns les autres. C’est aussi l’enjeu de ce roman : montrer la folie des hommes, prêts à s’entre-tuer parce que leurs voisins n’aiment pas le même Dieu qu’eux.

Âmes sensibles s’abstenir, les scènes de bataille sont décrites avec un tel réalisme qu’elles soulèvent quelquefois le cœur ; les scènes de ripailles mettent en appétit, et les intrigues, les complots que nos héros auront à déjouer vous tiendront en haleine toute la nuit s’il le faut. La religion est un roman comme on en rêve, pourvu de personnages au caractère bien trempé, d’intrigues palpitantes et d’ennemis sans pitié qui vous feront retenir votre souffle plus d’une fois. Historiquement précis et documenté, ce récit, d’une force romanesque sans pareil, ne vous lâchera pas. Ce n’est pas une demi-portion de roman que nous offre Tim Willocks : l’amitié que donne Mattias est Usque ad finem , les combats sont à mort, l’amour aussi.