Littérature étrangère

Leopoldo Brizuela

La Nuit recommencée

photo libraire

Chronique de David Piovesan

Librairie Au Temps retrouvé (Villard-de-Lans)

Leopoldo Brizuela plonge dans les abysses de la dictature argentine et pose une terrible question : qu’avons-nous fait, nous tous, face à l’horreur, au mensonge, à la dictature ?

Tout part avec un incident bizarre. Nous sommes en 2010, en Argentine. Leopoldo, double de l’écrivain, découvre que la maison de ses voisins a été visitée par des malfrats en pleine nuit. Cet étrange épisode lui en rappelle un autre, similaire, datant de 1976, en pleine dictature. C’est la phrase de sa voisine qui le replonge dans le passé, ce « ils sont entrés chez nous », identique à ce qui s’était passé trente-trois ans plus tôt au domicile de ses voisins. Il était gamin et ne conserve de cette intrusion que quelques réminiscences tronquées par l’oubli. D’où vient cet oubli, d’ailleurs ? C’est par le roman que l’on tentera de comprendre comment s’est effacé cet épisode, emportés que nous sommes vers l’exploration de la mémoire de toute une génération d’hommes marqués par la dictature. En désignant l’implication de son père et ses silences, son propre oubli, l’écrivain découvrira un pan entier d’une mémoire nationale. Magnifique roman sur les pères des hommes d’aujourd’hui, La Nuit recommencée est écrit dans un style poétique qui permet de dévoiler les zones d’ombre. Mais la vérité brûle, c’est ce qu’apprendra l’écrivain en se confrontant au miroir de ses propres turpitudes.

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