Essais

Simon Sebag Montefiore

Jérusalem

illustration
photo libraire

Chronique de Olatz Mundaka

Pigiste ()

L’historien britannique Simon Sebag Montefiore signe une magistrale « biographie » de Jérusalem, fresque aux mille et un personnages, héros, saints et criminels mêlés. Cette ville trois fois sainte devient sous sa plume un personnage de roman !

Son Staline : la cour du Tsar rouge, son Jeune Staline surtout, ont permis à l’atypique Simon Sebag Montefiore de conquérir un large lectorat à travers le monde et d’imposer une façon de narrer l’Histoire bien à lui : des milliers de sources soigneusement étudiées, une manière très personnelle de prendre parti dans les querelles historiographiques et de trancher, une forte empathie pour ses sujets qui gagne à son tour le lecteur, le goût du roman, de l’épopée et du drame. Rien de moins ennuyeux donc, de plus chatoyant et de plus enlevé que la « biographie » qui paraît ces jours-ci en France de Jérusalem, « ville de la paix » et « capitale » de trois religions. Une « vie » qui commence dans le chaos et la destruction : juillet 70, Titus, fils de Vespasien, prend la ville. Ses armées pillent, volent, brûlent, massacrent et saccagent, incendiant le Temple et plongeant le peuple juif dans la désolation. Une « vie » que Simon Sebag Montefiore choisit de clore sur la guerre des Six Jours, victoire militaire mais ô combien coûteuse, en précisant bien sûr que cette vie continue de nos jours, incertaine et fragile… Sans cesse victime de destruction et sans cesse se reconstruisant, Jérusalem fut tour à tour israélite, assyrienne, babylonienne, perse, macédonienne, séleucide, romaine, byzantine, perse, arabe, croisée, ottomane, anglaise, jordanienne, israélienne enfin. Certains, nombreux, l’imaginent demain palestinienne. Jérusalem devient, par la grâce d’une plume inspirée, le formidable théâtre sur lequel se meuvent les ombres de David et Salomon, Cléopâtre, Jésus, Soliman le Magnifique, Mahomet ; où s’élèvent aussi les voix des écrivains qu’elle fascina : Chateaubriand, Flaubert, Twain, aujourd’hui Amos Oz. Voix auxquelles se mêle par instant celle de l’auteur, lui-même fils d’une lignée jérusalémite, pour chanter à son tour les enchantements subtils de la cité autour de laquelle il avoue avoir beaucoup « erré ».