Polar

L'après Vidocq

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photo libraire

Par Renaud Layet

Librairie Série B (Toulouse)

En ce tumultueux début du XIXe siècle, à mesure que la France s’urbanise et s’industrialise, le crime, comme tout le reste, s’adapte et se complexifie. Il faudra des policiers d’un genre nouveau pour y faire face, de jeunes gens modernes, audacieux, mais aussi capables de composer avec d’innombrables intérêts politiques divergents.

Une de ces nouvelles recrues est Valentin Verne, brillant jeune homme de bonne famille engagé dans la police pour des raisons toutes personnelles. Il ne peut cependant s’empêcher de s’intéresser aux affaires sortant de l’ordinaire, que ce soit des crimes incompréhensibles fleurant bon l’ésotérisme ou encore des meurtres rendus possibles par quelque branche obscure d’une de ces sciences nouvelles qu’on ne cesse d’inventer. Et on a beau le prendre pour un excentrique, ses résultats parlent d’eux-mêmes, au point qu’on le laissera fonder le Bureau des Affaires Occultes, service quasi clandestin de la Sûreté en charge des crimes les plus étranges et les plus sensibles. Un service directement placé sous l’autorité du préfet de Police, sauf que dans sa toute jeune existence, le Bureau en a déjà vu défiler trois ou quatre, de préfets ; c’est que, dans ce Paris des années 1830, qualifier la situation politique d’instable tient du doux euphémisme. Mais c’est justement ce Paris bouillonnant qui fait tout le sel de cette série, ses quartiers pré-haussmanniens labyrinthiques, son argot délicieusement évocateur, sa pègre haute en couleur, ses sociétés secrètes de pacotille et ses complots politiques à tous les coins de rue. Un cadre parfaitement reconstitué que l’on va parcourir tambour battant, les enquêtes de Valentin penchant tout naturellement plus du côté du trépidant roman-feuilleton que du fastidieux police procedural. Bien que central, notre jeune prodige ne sera pas seul à les mener, ces enquêtes ; de nombreux personnages plus ou moins secondaires mais souvent mémorables peuplent la Capitale. Leur passé mouvementé et leurs lourds secrets ne font qu’épaissir l’atmosphère de mystère qui y règne. C’est ainsi qu’au-delà de l’enquête en cours, Éric Fouassier pose des éléments et tisse des fils rouges qui ne demanderont qu’à être développés dans les prochains tomes qui, on l’espère, ne manqueront pas d’arriver, tant l’époque et le type d’affaires mises en scène semblent un réservoir d’histoires inépuisable. Cette série nous permet également de nous affranchir du sempiternel cadre de la Londres victorienne.