Polar

Simenon, grand maître du roman noir

Par Joachim Floren

Librairie Le Matoulu (Melle)

à l’occasion de l’anniversaire de la mort de Simenon, Omnibus réédite son œuvre magistrale. Il est l’auteur de plus de 200 livres, lus dans le monde entier. Il fut l’un des auteurs de roman noir les plus influents et fut même reconnu par les auteurs de littérature « blanche ». Mort en 1989, il est toujours source d’inspiration pour de nombreux auteurs contemporains.

Nous connaissons tous Maigret. Grand amateur de vin et de blanquette de veau, air bourru, fumeur de pipe invétéré, il est imposant et aime prendre le temps de s’imprégner de l’atmosphère de l’enquête en cours. Sa méthode de travail consiste à s’immerger dans la vie quotidienne des habitants pour analyser les témoignages avec une grande sensibilité, tout en faisant confiance à son instinct. (Re)découvrir les romans permet de se plonger dans une ambiance unique, portée par la plume de l’un des plus grands stylistes de la langue française du XXe siècle. Maigret est le protagoniste de soixante-quinze romans. Mais comment appréhender une œuvre aussi foisonnante ? Omnibus rend cela possible en proposant une organisation thématique des textes de Simenon illustrés par le grand Loustal. Des notes de bas de pages y sont ajoutées, ce qui enrichit considérablement l’ouvrage. De grands auteurs tels que Franck Bouysse, Pierre Assouline, Philippe Claudel ont rédigé les préfaces des ouvrages, ce qui démontre l’importance de l’influence de Simenon encore aujourd’hui. à l’époque, il révolutionne le genre en mettant en scène Maigret, commissaire âgé et peu avenant. L’intrigue est souvent assez simple, mais les personnages sont forts, le héros attachant, obligé de puiser dans ses ultimes ressources. Contrairement à la majorité des auteurs de son époque, Simenon privilégie le style, le travail sur l’atmosphère plutôt que sur l’action. Fayard, son premier éditeur, est persuadé d’aller droit dans le mur en publiant son premier roman. Il dira « Ce ne sont pas des romans policiers. Ce n’est pas scientifique. Il n’y a pas de jeune premier ni d’héroïne. Pas de personnage sympathique et cela finit mal puisqu’on ne se marie jamais. Vous n’aurez pas mille lecteurs. » Et pourtant il a bien voulu tenter l’expérience et ce fut un grand succès. Entre 1931 et 1934, pas moins de dix-neuf Maigret sont publiés chez Fayard ! Admiré de tous, Simenon est très vite repéré par les cinéastes et les adaptations s’enchaînent. Ici aussi les chiffres sont vertigineux : soixante adaptations, sans compter les téléfilms. Mais après une période d’écriture aussi frénétique, le besoin de s’extraire de la série des Maigret se fait ressentir, et il passe près de huit ans sans son personnage mythique. Il entre chez Gallimard et signe ses « romans durs » qu’il juge plus littéraires. Une histoire d’amitié naît ensuite avec Sven Nielsen, son troisième et dernier éditeur, qui vient de fonder les Presses de la Cité. Il y publiera pas moins de 49 autres romans ! C’est un auteur habité, ayant consacré sa vie à l’écriture, à qui Omnibus rend un magnifique hommage. Incontournable !