Avec son dernier livre, Guillaume Jan nous offre un très beau récit de voyage, une évocation remarquablement documentée de la vie de David Livingstone. Mais Traîne-savane est surtout une très belle histoire d’amour.

Guillaume Jan partage avec le lecteur son goût pour le voyage, le voyage comme occasion de rencontrer et découvrir l’autre. Il est journaliste, a voyagé sur tous les continents ou presque, il est un insatiable de la bougeotte qui a exploré l’Afrique et descendu le fleuve Congo, épopée dont il a raconté l’histoire dans Le Baobab de Stanley (François Bourin, 2009). Lors de ce voyage, que je vous invite fortement à lire, il a rencontré une femme, Belange, un nom qui, à lui seul, est une invitation. De retour au Congo avec l’intention d’aller voir les Pygmées, ces derniers chasseurs-cueilleurs de l’humanité, il entraîne Belange dans son aventure. Les voilà partis en tongues, mal équipés, dans une aventure où, de bus en moto, ils se lancent dans la traversée de la forêt congolaise sur plus de cent kilomètres à pieds, afin d’atteindre le village pygmée. Le récit est étayé de passages sur l’histoire du Congo, de l’époque de Léopold II jusqu’à aujourd’hui. C’est aussi une ode à l’amour, l’amour du déplacement, l’amour d’un continent, d’un pays, l’amour d’une femme. Pas seulement toutefois, car Guillaume Jan glisse au milieu de son aventure la vie d’un homme étonnant qui, lui aussi, a donné son cœur à l’Afrique : David Livingston. Missionnaire écossais, il aura passé la majorité de son existence à traverser ce continent, non pour évangéliser des ouailles, mais pour la fièvre de la découverte, de l’exploit, pour assouvir sa passion des espaces inconnus, pour dénoncer aussi le trafic de la traite négrière. Un Don Quichotte du continent africain qui a délaissé sa famille pour découvrir et arpenter des terres inexplorées et inconnues. Le télescopage des deux récits, des deux époques, fait de Traîne-savane un texte truculent, passionnant et enrichissant. Amoureux du voyage et de l’Afrique, ce livre est fait pour vous ; et pour tous les autres… Aventurez-vous !