Surchauffe

Dans Surchauffe, Nathan Devers capte le vertige d’un monde exténué. Jade Fasquin, cadre au bord de l’effondrement, accepte une mission absurde : bâtir un palace sur une île peuplée par les Sentinelles, un peuple de l’océan Indien vivant farouchement reclus. Derrière ce choc des mondes, Nathan Devers sonde l’illusion du progrès, la fatigue d’exister, la violence douce du travail. Son style, à la fois limpide et tendu, épouse les failles de ses personnages sans jamais céder à la grandiloquence. Chaque phrase semble avancer sur un fil, entre lucidité et vertige. À mesure que l’île s’impose comme une énigme, c’est notre propre chaos que le roman éclaire. Surchauffe n’est pas une fuite mais une traversée : un appel à se désencombrer de l’inutile pour retrouver l’essentiel. Il laisse dans l’esprit une clarté inquiète, comme la rémanence d’un feu qu’on croyait éteint. Un livre tel un îlot secret : on y accoste éreinté, on en repart un peu plus vivant.