Littérature étrangère

Paolo di Paolo

Tanta vita !

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photo libraire

Chronique de Florence Raut-Trouillard

Librairie La Libreria (Paris)

Turin, février 1926. Le fascisme s’est installé dans les esprits et le quotidien des Italiens. Deux jeunes hommes, 20 ans et des poussières, tentent de décider de leur destin.

Paolo Di Paolo est à peine plus âgé que ses deux protagonistes et c’est bien de jeunesse et d’envie de vivre qu’il est question, de cet âge où tout est encore flou mais où le feu brûle avec ardeur. Moraldo, étudiant en lettres, apprenti caricaturiste, se cherche, hésite, n’agit pas et croise sur les bancs de la faculté une comète du monde intellectuel italien, Piero Gobetti, figure extraordinaire de précocité, journaliste, philosophe, antifasciste, animé par une volonté de fer. Cette rencontre est décisive pour Moraldo, qui sent qu’elle pourrait être la clé d’une vie future, enfin en accord avec ses espérances. Mais ses tentatives maladroites d’approcher son modèle échouent. À la faveur d’un échange de valises, il rencontre Carlotta, jeune photographe qu’il suit à Paris, ville de l’exil pour de nombreux Italiens et où Piero, persécuté et malade, a été contraint de se réfugier.
L’écriture de Di Paolo est belle, précise et parfaitement adaptée à l’atmosphère lourde et pourtant pleine de frénésie de cette période, où brouillard et obscurité ne règnent pas que dans l’hiver turinois. Les tensions, les illusions, les difficultés et l’immense fatigue de cette jeunesse de l’époque de l’après-guerre sont là, rendues avec justesse et émotion. Et résonnent terriblement avec celles de notre réalité.