Littérature française

Yves Ravey

Sans état d’âme

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photo libraire

Chronique de Stéphanie Fontaine

Librairie Furet du Nord (Lille)

Avec une vingtaine de romans à son actif, Yves Ravey a su imposer son style et son univers. Sans état d’âme se révèle un nouveau petit bijou de roman noir. Un vrai piège à lecteur ! On en lit la première ligne et on ne le quitte plus !

Étrange ce touriste américain plutôt fortuné qui semble s’être perdu au fin fond de la campagne française. Il se trouve tout simplement que John Lloyd est amoureux de Stéphanie, la barmaid de la boîte de nuit du coin. Même qu’un jour il l’emmènera chez lui et la présentera à sa famille, du sérieux donc… Mais John disparaît un soir sans laisser de traces. Stéphanie charge Gustave Leroy, son voisin, de mener l’enquête. Sûrement une mauvaise idée si l’on tient compte du fait que Gustave est amoureux d’elle depuis toujours. Sans compter que Gustave accumule la rancœur et la colère depuis que Blanche, la mère de Stéphanie (et aussi sa propriétaire), lui a parlé d’un grand projet immobilier qui implique du coup son expropriation. Une transaction fort juteuse pour Blanche mais impensable pour Gustave, qui a toujours vécu dans cette maison et espère bien y revoir vivre sa propre mère, soignée dans un institut spécialisé pour « carence de la mémoire ». Situation difficile, qui semble toutefois avoir évolué depuis que Gustave a trouvé une source inespérée de revenus. L’histoire aurait pu s’arrêter là et la disparition de John rester inexpliquée, si, tel un chien dans un jeu de quille, Mike Lloyd, le frère de l’Américain, ne s’était pas pointé à son tour dans ce petit bout de campagne française. Tenace, le frangin. Il fouille et farfouille, bien décidé à retrouver John coûte que coûte. Peu à peu le soupçon envahit tout, la tension monte, le piège se referme, et le lecteur attend fébrilement le dénouement. Les amateurs de romans psychologiques minutieusement chronométrés, colorés d’une angoisse diffuse et où les tensions et rancœurs vont crescendo, seront comblés avec ce polar digne des meilleurs Simenon.