Littérature française

Laurent Gaudé

Pour seul cortège

photo libraire

Chronique de Martine Clesse

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Cette nuit encore, un banquet bat son plein à Babylone. Depuis plusieurs semaines déjà, les invités mangent, boivent, dansent et rient dans le palais d’Alexandre. Mais ce soir, l’Empereur souffre, il sent ses forces l’abandonner. Porté dans sa chambre, il lutte contre la fièvre. Tandis que les servantes et son médecin se relaient à son chevet, des dizaines de cavaliers s’en vont parcourir les routes de l’Empire pour annoncer la nouvelle : Alexandre est malade. Dans un temple suspendu aux montagnes d’Arie, vit, recluse, Dryptéis, veuve d’Héphaistion, le plus proche compagnon d’Alexandre. Seule femme parmi les prêtres, elle apprécie la lenteur des jours où règnent le silence et l’oubli. Elle se cache avec son fils illégitime âgé de quatre mois. Ce matin, en contemplant la brume matinale, elle voit apparaître huit cavaliers. Elle sait qu’ils viennent la chercher, elle ne peut échapper à son destin. Elle doit ramener son aïeule Sisygambis au chevet de l’Empereur qui se meurt, car il l’a choisie comme Diseuse de mort.