Littérature française

Arno Bertina

J’ai appris à ne pas rire du démon

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photo libraire

Chronique de Aurélia Magalhaes

Bibliothèque/Médiathèque Jean Cocteau (Massy)

Les éditions Hélium, ce sont des livres jeunesse intelligents et innovants. Ce sont désormais aussi des livres de littérature avec la toute nouvelle collection « Constellation », dont les romans explorent les frontières entre les arts.

Il faut de l’audace pour lancer de nouvelles collections de livres dans un marché que l’on dit saturé. Mais ce risque, les éditions Hélium ont choisi de le prendre, tant elles croient en cette idée de proposer des romans d’un genre nouveau. Imaginez une constellation, il s’agit d’étoiles suffisamment proches entre elles pour qu’on les relie les unes aux autres. Voici donc comment il faut considérer ces fictions littéraires. Un auteur s’empare d’un film, d’une photographie, d’une musique et montre, à travers une fiction, comment cette œuvre entre en résonance avec son propre travail. Ce qui caractérise ces livres, c’est la liberté qui a présidé à leur création. Ainsi, tandis que Didier Da Silva, dans un texte assez savoureux, remet au goût du jour une comédie des années 1990 (Louanges et épuisement d’Un jour sans fin), Alban Lefranc explore le rapport que Maurice Pialat, souvent considéré comme misogyne, entretenait avec les femmes (L’Amour la gueule ouverte). Enfin Arno Bertina s’empare du mythe Johnny Cash (J’ai appris à ne pas rire du démon). Construit en trois chapitres, autant d’époques de la vie du chanteur, le roman s’attache à montrer comment celui-ci est aussi le produit de la société de laquelle il est issu. Une Amérique prompte à mythifier et dans laquelle il peut s’avérer difficile d’être toujours au niveau. Véritables romans, ces livres nous donnent à repenser notre rapport à l’art et attirent notre attention sur des aspects méconnus d’œuvres dont nous croyons tout connaître.

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