Littérature étrangère

Larry Fondation

Criminels ordinaires

photo libraire

Chronique de Jérôme Dejean

Librairie Les Traversées (Paris)

Dans l’œuvre de Larry Fondation, il y a quelque chose du regard de l’entomologiste. Il observe, dissèque, étudie ces curieuses bestioles qui arpentent le pavé de L. A. Ces êtres, ces hommes, ces femmes, ces gens paumés face à une violence brute, sauvage, épidermique, et que pourtant chacun partage, attise et prend en pleine gueule. Mais nulle distance dans sa vision. En homme intègre et intégré à ce microcosme, il n’a pas peur de se salir les mains et continue son travail besogneux de cartographie des rouages de la cité. Une ville cinématographique jusqu’à l’écœurement, à tel point que l’on en oublie presque les effets de la gueule de bois. Dans un style épuré, cinglant et en totale symbiose avec son sujet, Larry Fondation pénètre jusqu’au fond des bas-fonds. Et curieusement, la lumière semble surgir de ce néant par le biais de petits crochets à l’intérieur du texte : un « je » intrusif, une larme d’humour, une gorgée de vie… et puis un uppercut. Du grand art narratif avant le K.O. technique.

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